Vers un nouvel art de bâtir - nos villes vont cesser d’être le bras armé d’une vieille doctrine totalitaire : celle du robot-ogre, normalisé et globalisé, dont la beauté de brute ne s’exprime qu’en formatant ses habitants et en violant les paysages. Elles vont se différencier peu à peu comme autant de concrétions naturelles où s’accumuleront ingénieusement les ressources locales, les cultures, les désirs et savoir-faire.

"VV" - un blog pour imaginer cette mutation, partager nos expériences, discuter, se rencontrer, proposer...

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13 août 2012

v. m. lampugnani

Parcourons les revues d’architecture : même s’il n’y a aujourd’hui en France que « d’A » qui semble suivre nos préoccupations contemporaines, il peut être utile de feuilleter quelques dinosaures comme A.A. Celui daté de mai-juin 2012 offre ainsi une navrante description poético-abstraite d’un architecte espagnol, Alberto Campo Baeza, spécialiste bien nommé de la construction pour particuliers, banques et gouvernements surendettés. Dans un pays ruiné par l’immobilier, A.A. décrit son œuvre(dans un style van-der-Rohe, hygiénisé et sécurisé, un tantinet déconstruit, paré de marbre d’un blanc corbuséen) comme une réussite, offrant une belle négation du contexte. Comme si la question du luxe décomplexé des financiers espagnols ne devrait pas nous indigner !

Passons, les numéros 388 et 389 laissent aussi une toute petite place à Vittorio Magnano Lampugnani, un critique dans notre ligne, un historien de l’urbanisme s’attaquant aux gestes gratuits et prônant une certaine ville banale respectueuse des valeurs d’usage. Mais A.A. ne peut laisser dire des choses pareilles et invoque, sous la plume du rebelle institutionnel Stanislaus von Moos, la « convention bourgeoise » (comprendre, avec mépris, « petite bourgeoisie »). Un argument marxiste ressassé alors qu’aujourd’hui il n’existe pas de convention plus bourgeoise que la pseudo-excentricité contemporaine : la norme consumériste qui fait rêver les pauvres est là, il faudrait enfin l’assumer… Car la sclérose historique de la convention bourgeoise n’est plus la tradition classique, c’est la convention moderniste, celle citée ci-dessus d’Alberto Campo Baeza. Depuis le début de la société de consommation (un demi-siècle déjà), le « style innovant » est celui qui protège le système capitaliste. Il n’est pas ailleurs que là, leur bourgeois gentilhomme ! Guy Debord ou Jacques Tati l’ont très bien montré, dès le début, et ce n’est toujours pas compris ?...

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