Vers un nouvel art de bâtir - nos villes vont cesser d’être le bras armé d’une vieille doctrine totalitaire : celle du robot-ogre, normalisé et globalisé, dont la beauté de brute ne s’exprime qu’en formatant ses habitants et en violant les paysages. Elles vont se différencier peu à peu comme autant de concrétions naturelles où s’accumuleront ingénieusement les ressources locales, les cultures, les désirs et savoir-faire.

"VV" - un blog pour imaginer cette mutation, partager nos expériences, discuter, se rencontrer, proposer...

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28 août 2012

ovni (déf.)

dessin A.S.


Ovni -. Objet voyant non-identifié, opposé à vernaculaire. Si vous regardez autour de vous, vous constaterez la multiplication des Ovnis, de ces objets singuliers et non-identifiés car il est impossible pour l'autochtone d’en connaitre l’usage. En architecture, l’Ovni peut servir de théâtre, musée, habitation, médiathèque, salle de sport, entreprise… Contrairement à son discret cousin venu de l’espace, il doit impérativement être vu et son existence est incontestable – même s’il partage avec ce dernier la brièveté de son apparition et la qualité de n’avoir aucun point commun avec l’endroit où il se pose. Il est d’autant plus mystérieux qu’il est né dans l’intelligence inaccessible du "starchitecte",   ainsi nommé car son métier consiste à maintenir les liens entre la jetset et les sphères étoilées.

Les Ovnis ont leur propre histoire. La première génération adoptait simplement une forme phallique (les starchitectes du moment étant certainement de sexe mâle) puis elle s’est complexifiée en laissant croître des appendices de forme plus arrondie mais toujours d’une géométrie sans faille. Les derniers Ovnis observés semblent avoir des profils plus souples, ventrus et percés de trous organiques (laissant penser que le sexe femelle vient de faire son apparition). Ils s’assimilent désormais à du gruyère plus ou moins fondu. Nous attendons surtout avec impatience l’arrivée des bébés. A quand, le petit Golmolk ?

2 commentaires:

  1. S'il n'y avait que du vernaculaire (beaucoup) et des ovnis(peu), cela pourrait marcher, comme la pyramide de Pei au milieu du Louvre. Mais il semble qu'entre ses deux catégories se soit nichée une troisième, l'Easy-building . Elle n'a rien d'énigmatique comme les œuvres des startchitectes (à quoi ça sert? comment c'est fait? dans combien de temps ça va s'effondrer?) On peut la dater décennie par décennie (depuis années 50, jusqu'à années 2010), mais on peut difficilement la situer géographiquement (pas de matériau local, pas d'habitude architecturale vernaculaire conservée, pas de disposition urbaine spécifique) C'est elle qui absorbe petit à petit nos paysages...

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    1. Effectivement le pavillon en pin d’Oregon laqué, la cité Borloo du village, l’écoquartier mixte en périphérie ou l’immeuble "style basse-conso-Bouygues" en centre-ville entachent plus fréquemment notre quotidien que les Ovni monumentaux. Mais c’est un autre sujet.

      Songeons que l’éducation en architecture passe surtout par ces Ovni et par la Parole des starchitectes qui imposent un regard sur la théorie architecturale et la réussite individuelle : regard du client mais aussi de l’étudiant qui – voyant qu’il ne sera qu’un loser par rapport à ces vedettes – acceptera plus tendrement son rôle de salaud ordinaire et collaborera à l’easy-building sans même être choqué… Il trouvera toujours sa « griffe », y compris dans la plus tragique médiocrité (souvent un reliquat de style Corbu s’il a étudié en France).

      La banalisation de la laideur passe principalement par l’exemple médiatique et éducatif des Ovni, autrement dit par la super-héroïsation du starchitecte.

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